Erwan Maheo: Dispersion

22 February–22 March 2008, Brussels

Erwan Maheo, Dispersion, Catherine Bastide project room, 2008

Erwan Maheo, Dispersion, Catherine Bastide project room, 2008

 

Dispersion

L’exposition que l’artiste français Erwan Mahéo présente aujourd’hui à la galerie Catherine Bastide fait suite à un projet élaboré en Grèce, dans le cadre d’une manifestation d’art contemporain organisée l’été dernier par l’association Artbox et Denys Zacharopoulos. Ce projet avait pour cadre un terrain militaire désaffecté situé à Kalamaria, non loin de Thessalonique.  

Dans ce contexte, l’intervention d’Erwan Mahéo consistait en une installation disposée dans l’un des bâtiments du complexe abandonné : dans une salle de forme hexagonale, plongée dans une certaine pénombre, le visiteur était confronté à d’innombrables images en noir et blanc, accrochées au bord à bord sur les parois de la pièce ; pièce qui se trouvait par ailleurs dominée d’une sculpture lumineuse, faite d’un néon entortillé.

A Bruxelles, on retrouve cette profusion d’images, des images de toute sorte qui nous sont tantôt familières, tantôt étrangères. Les unes proviennent de l’histoire de l’art. Il y a là une vue de la Cité Idéale, des reproductions de tableaux de Carpaccio, de Philippe de Champaigne, de même que des œuvres plus récentes, comme cette sculpture monumentale de Chris Burden… Il y a également des images plus étranges, inconnaissables, photographies qui documentent parfois le propre travail de Mahéo… 

En regard de ces images, on rencontre encore des sculptures : sculptures lumineuses, comme en Grèce, mais aussi un surprenant petit meuble, qui fait lui aussi office de sculpture, ainsi que d’autres créations s’en approchant pareillement.

Ces images, comme ces objets dessinent une constellation qui fait l’univers, l’imaginaire de l’artiste. En un sens, ce sont des archives, des documents de travail périphériques à l’œuvre, mais dans le même temps, ils sont l’œuvre, le travail, ils balisent l’espace dans lequel l’artiste évolue, un espace de sa création. Car d’espace il est ici question tant on semble confronté à une forme d’atlas, à un imagier qui exemplifierait les curiosités du monde et qui en livrerait incidemment la localisation (et l’on songe à quelques fameux antécédents, comme le Théâtre de la mémoire de Giulio Camillo Delminio ou le Mnémosyne de Warburg).  

Un atlas, ou encore un lointain prolongement de ces cabinets d’amateur, que les aristocrates constituaient autrefois, pour se faire une idée du monde, jusque dans ses régions les plus éloignées, exotiques, voire irréelles, improbables… Voire même stupéfiantes, terrifiantes, telles que peuvent apparaître des productions issues de l’inconnu. C’est qu’un imaginaire, et ses merveilles, ne se laisse pas figurer sans livrer simultanément son envers, les cauchemars dont il est tout autant empli : dimension qui fait également l’identité de ce projet.

 

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