Gijs Milius: Le long des raduses

10 May–19 June 2018, Marseille

Sans Titre, 2018, techniques mixtes, 130 x 105 cm

Sans Titre, 2018, techniques mixtes, 130 x 105 cm

 

THE REAL.
A reflection on Gijs Milius’s exhibition “Le long des raduses”
By neither.

A long desert red area and a dark horizon.
On the forefront, the corner of a balcony or at leat a grey maybe concrete architecture.
A small grey rectangle triangle assumes its role of a floor and two walls erect to protect a potential char-acter from the risks of falling down.
And rain drops.
One can count 14 of them but it’s not important.
What is happening in this drawing.
Nothing.
But still those droplets.
And if you may, if you want you look at them a bit longer.
Something is there, in the heart of all that nothing, produced by that nothing.
The drops are in between the surface of the painting / drawing and the space that is represented.  Some are resting on the surface of the canvas while others lie on the ledge of the concrete building, forcing the eye to navigate between two alternate realities : that of the gallery space and that of the fiction Mister Milius offers us.
It’s not a trick, it’s a storytale.

“In philosophy, the Real is that which is the authentic, unchangeable truth. It may be considered a pri-mordial, external dimension of experience, referred to as the infinite, absolute or noumenal, as opposed to a reality contingent on sense perception and the material order. The Real is often considered irre-ducible to the symbolic order of lived experience, but may be gestured to in certain cases, such as the experience of the sublime.” https://en.wikipedia.org/wiki/The_Real

Gijs Milius draws from moments that have yet to happen.
Characters that exist already but on the side of your streets you forget to look upon.
Outside of the frame.
There’s an underlying and strong cinematic sense to his work.

 
Le polonais, 2018, techniques mixtes, 84 x 70 cm

Le polonais, 2018, techniques mixtes, 84 x 70 cm

 

Gijs Milius conçoit ses dessins à partir de représentations personnelles qui s’additionnent et se confondent pour produire de nouveaux archétypes. Ceux-ci étant entendus comme les réceptacles d’une somme de points de vue relatifs à un même sujet.

Les environnements que l’artiste imagine se réfèrent souvent à l’architecture brutaliste qu’il envisage comme pré-forme d’une fiction possible et dont les structures élémentaires servent de point de départ à ses compositions. Evoquant parfois des parcs ou encore des aires de jeux municipales, l’incertitude grandit quant à ces espaces à la fois fonctionnels et décoratifs où peuvent s’installer des humanoïdes canardesques tout aussi ambiguës. Une balustrade ornementale pourrait aussi bien servir de support à un nuage fatigué de son poids.

Dans ces dessins faisant appel à des lieux de reconnaissance se manifeste toujours un élément perturbateur : de la présence d’un personnage, d’un objet ou d’une forme à des variations d’échelle, de perspective, de couleur ou encore de l’application de cette dernière. Comme au service des troubles de ces scènes se déploient alors contrastes et textures de couleurs obtenues par l’utilisation de pastels secs et à l’huile.

A travers l’élaboration d’un vocabulaire commun à l’ensemble de ses dessins, Gijs Milius joue avec la réapparition de certains éléments qui fonctionnent par écho au sein de l’exposition. Quelques nuages plus loin, un autre, hybride, haricot aussi peut être. Alors que des formes analogues sillonnent ses différents travaux, d’autres dessins se donnent à voir comme les variations d’un premier. Ce système de retour que met en place l’artiste lui permet de relativiser la composition effectuée à la fois dans sa forme et son idée. Comme pour revenir à une pratique sculpturale qu’il développe parallèlement, Gijs Milius dépasse le cadre initial en créant un système de méta-image pour donner une autre perspective à ses dessins.

Et l’on aperçoit un canard qui n’est plus exactement le même. Ces occurrences qui convoquent un précédent dessin ou l’un de ses détails génèrent alors de nouvelles situations et relations à l’image possibles dans ce promenoir onirique que constitue Le long des raduses.

 

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