Sébastien Reuzé: Rising Sunset, Brussels

2–29 June 2017, Brussels

Rising Sunset, Sébastien Reuzé, exhibition view, Catherine Bastide gallery, Brussels, 2017

Rising Sunset, Sébastien Reuzé, exhibition view, Catherine Bastide gallery, Brussels, 2017

 
 

Sébastien Reuzé — Rising Sunset

Le soleil. Qui irradie. La lumière dorée, brûlante et obsédante, qui dans ses longueurs d’ondes magnifie l’instant et l’objet. Écrase et nourrit. Rythme et conditionne.

L’éblouissement. Le jaillissement lumineux permanent qui ensemence le cosmos de gerbes de photons.

La contemplation de l’astre mène l’histoire de la représentation à en produire une image des millions de fois répétée. Sunsan Sontag, dans son ouvrage Sur La Photographie définit le coucher de soleil comme étant tellement photographié qu’il en devient, dans la conscience contemporaine, une photographie avant même d’être photographié.

Il est une drogue, à laquelle on s’abandonne lascivement jusqu’au possible retour à l’état de nature, et qui brûle, littéralement cuit et détériore le corps qui y reste. Sa présence, sa lumière et sa chaleur parfois accablantes produisent l’ivresse. Il est un point central pour chaque chose, et sa nature féconde en fait un objet de culte aux multiples prénoms. Il est ce vers quoi tout converge, la source de tout, donnant et reprenant la vie.

Ce caractère dominant, central et irradiant, est exprimé ici par des photographies analogiques de format 127 x 171 cm, tirages uniques que Sébastien Reuzé réalise dans son atelier, en chambre noire. Le soleil, rond de lumière blanche d’où émanent les particules de jaune se tient au centre de l’image, occupant une partie importante de celle-ci. L’image semble presque artificielle, presque un photogramme, tant la permanence du cercle répété occupe le cadre. Ce qui apparait autour devient abstrait, provoquant le trouble et excluant le devoir de description anatomique du paysage qui semble inscrit dans le génome photographique.

Ces grandes photographies font écho, dans le contexte d’exposition, à un ensemble de photographies encadrées de 51 x 61 cm. Les cadres dorés soulignent la couleur elle aussi dorée et abondante des images, où le soleil est inscrit dans un paysage plus large, suggéré plus qu’identifiable. 

Rising Sunset (2016-2017) fait suite au travail précédent de Sébastien Reuzé, Colorblind Sands (2012-2016), une réflexion sur le road trip dans la tradition photographique américaine. Dans cette fiction, un militaire dérive jusqu’au délire sous le soleil brulant de ce qui pourrait être le désert de Vermilion Sands, région balnéaire sans eau créée par JG Ballard dans son recueil de nouvelles du même nom.

Ce pourrait être de ce désert que proviennent les rochers présents dans l’exposition, que l’auteur fait cristalliser. C’est aussi sur ce désert de fiction que le soleil domine de manière écrasante et fascinante, sensuelle et brutale, symbole d’un paradis à double tranchant. Rising Sunset re-interprète les codes d’une représentation de l’idéal issue des années 1970, d’un éblouissement quasi mystique, évoquant les expériences sous LSD.

Les travaux qui précèdent Rising Sunset font préalablement l’objet d‘un scénario écrit précis. L’auteur renoue ici avec une approche non écrite, ainsi qu’avec ses premiers pas en photographie : sur la Côte d’Azur d’où il est originaire, et où il débuta en photographiant les plages, la culture de l’abandon de soi au soleil, s’interrogeant sur la notion d’« exotisme ».

Depuis ses débuts en photographie, Sébastien Reuzé mène des recherches sur la couleur, sur la notion d’objet photographique, refusant le cloisonnement des genres. En 1997, il présente ses premiers grands tirages réalisés par ses soins en chambre noire, punaisés au mur, avec la séquence rouge Strip Tease - Hollywood Lounge réalisée à New York en 1996. Depuis, le travail alterne entre figuration et abstraction, explorant les mediums et les supports qu’offre la photographie, ainsi que les protocoles d’exposition.

(Texte d’introduction à l’exposition Rising Sunset, Galerie Catherine Bastide, 2017)

 

 

Exhibition views


Depuis ses débuts en photographie, Sébastien Reuzé mène des recherches sur la couleur, sur la notion d’objet photographique, refusant le cloisonnement des genres. En 1997, il présente ses premiers grands tirages réalisés par ses soins en chambre noire, avec la séquence rouge Strip Tease: Hollywood Lounge réalisée à New York en 1996. Depuis, le travail alterne entre figuration et abstraction.

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